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18.01.2021 | The Centre

Deux générations, une même vision : interview croisée entre PD Dr Mathieu Assal et Dr Victor Dubois-Ferrière

Le PD Dr Mathieu Assal (MA), fondateur du Centre ASSAL de Médecine et de Chirurgie du Pied, et le Dr Victor Dubois-Ferrière (VDF), qui a récemment rejoint la direction de cette structure, échangent leurs points de vue sur le Centre, son avenir et les différents enjeux qui touchent à la médecine de demain, notamment en matière d’accompagnement du patient, des nouveaux enjeux technologiques mais aussi de médecine durable et de vision sociétale.


Dr Victor Dubois-Ferrière, vous avez passé l’essentiel de votre carrière au sein des Hôpitaux Universitaires Genevois (HUG), pourquoi rejoindre le Centre ASSAL de Chirurgie et de Médecine du Pied aujourd’hui ?

VDF : Cela fait longtemps que je connais et que je collabore avec le PD Dr Mathieu Assal, notamment en matière de recherche. Nous échangeons également à intervalles réguliers sur des cas cliniques. Les hasards de l’histoire font aussi que, comme lui, j'ai été à la tête de l’équipe de chirurgie du pied et de la cheville aux HUG. Nos routes se sont donc souvent croisées. Elles ne font que converger un peu plus aujourd’hui.

 

De quand date ce projet de collaboration ?

VDF : Le projet de nous rapprocher fait son chemin depuis quelque temps déjà. Aujourd’hui, il se concrétise et je me réjouis de me retrouver avec le Dr Assal au sein de la même structure. Le Centre réunit de nombreux experts et présente un très haut niveau de compétences ; il donne aussi une grande importance à la recherche et à l’innovation. Autant d’éléments qui ont motivé ma décision de le rejoindre. Par ailleurs, la chirurgie de la cheville et du pied est en plein essor ; le fait de participer activement au développement d’un pôle d’excellence dans ce domaine est enthousiasmant. D’autant plus que je bénéficierai au sein du Centre de « sparring-partners » de premier ordre.

 

PD Dr Mathieu Assal, pourquoi avez-vous souhaité vous associer les compétences du Dr Victor Dubois-Ferrière ?

MA : Le Centre se développe. Nous entourer de forces vives est devenu nécessaire pour poursuivre sur notre lancée et pérenniser un peu plus nos activités. Avec plusieurs générations aux commandes, cette arrivée va encore asseoir davantage notre réputation et nous faire monter en compétences. Nous avons par ailleurs toujours entretenu une collaboration riche et fructueuse avec le Dr Dubois-Ferrière. En matière de recherche notamment. En témoignent les prix d’innovation que nous avons reçus pour des travaux communs, mais aussi les publications réalisées dans des revues prestigieuses de renommée internationale comme l’American-Journal of Bone&Joint Surgery ou encore le Journal of Orthopaedic Trauma.
Qu’est-ce que Dr Victor Dubois-Ferrière va apporter concrètement au Centre ?

MA : En dehors de ses excellentes compétences de chercheur et de chirurgien, il apportera à n’en pas douter une expertise complémentaire en venant renforcer une activité de niche en matière de chirurgie mini-invasive et arthroscopique, dont il s’est fait une spécialité. On le sait, plus un geste est répété, plus il est précis. En augmentant notre volume d’opérations, nous continuons bien sûr à améliorer notre pratique. Par ailleurs, si l’arrivée du Dr Victor Dubois-Ferrière va encore accélérer notre croissance, elle va également amener au Centre un nouvel élan : pour développer de nouvelles techniques qui amélioreront le confort des personnes opérées tout en sécurisant nos interventions. Ceci va aussi dans le sens de la prise en charge globale des patients que nous défendons. Je sais que le Dr Dubois-Ferrière adhère à la même philosophie et son apport dans ce domaine améliorera encore la qualité de nos prestations.

 

Pourquoi cette prise en charge globale est-elle si importante pour vous ?

VDF : Offrir aux patients un accompagnement holistique est fondamental, car je suis convaincu que la synergie des compétences permet d’accélérer la guérison. Je me suis toujours employé à mettre cette approche en place, partout où je suis passé. Son impact positif est indiscutable. En entourant les patients de soins adaptés, les rémissions sont plus rapides et plus durables. Voilà pourquoi il faut aujourd’hui apporter une réponse globale aux besoins spécifiques des patients, que sa problématique touche à la mobilité, à la cicatrisation, ou plus généralement à son accompagnement. La chirurgie ne résout pas tout.

 

La prise en charge globale du patient défendue par le Centre est-elle vraiment distinctive ?

MA : Plus distinctive que jamais, j’en suis convaincu. Tout d’abord parce que je suis persuadé qu’en entourant le patient de toutes les compétences nécessaires à son retour à la mobilité, on le soutient plus. Renforcer la transversalité des expertises est capital. Ensuite parce que les patients ont le droit de recourir à une « médecine intelligente ». J’entends par là une médecine qui prescrit moins et mieux, de manière plus ciblée. Au Centre ASSAL, en nous basant sur l’état des connaissances, on préférera toujours le traitement conservateur à l’intervention. On a d’ailleurs développé dans ce but un immense plateau de possibilités conservatrices. La chirurgie sera toujours pour nous un dernier recours. Jamais un point de départ dans la discussion.

 

Dr Dubois-Ferrière, qu’est-ce qui a techniquement changé pour vous depuis le 1er janvier ?

VDF : Je connais personnellement tous les membres de l’équipe du Centre ASSAL pour avoir déjà collaboré avec eux, soit aux HUG, soit ailleurs ; mon intégration est ainsi facilitée. Et les mesures prises dans le cadre de la pandémie de COVID-19 font que j’opère déjà depuis le mois de mars 2020 à la Clinique de la Colline ; je connais donc les lieux et l’environnement technique. En revanche, il est vrai que ce changement modifie inévitablement ma manière de travailler. La charge administrative, souvent lourde dans les grandes institutions, va diminuer, ce qui me permettra d’accorder plus de temps à la recherche. Mais c’est aussi un très beau projet entrepreneurial que de co-diriger un centre médical.

 

Quel bilan pour le Centre ASSAL depuis sa fondation en 2012 ? Quels sont vos objectifs pour le futur ?

MA : En l’espace de 8 ans, le bilan est plutôt réjouissant. Le Centre compte désormais 12'000 patients et réalise actuellement 700 interventions chirurgicales par année. Notre progression est constante et nul doute que la venue du Dr Dubois-Ferrière va encore nous permettre de nous développer. Notre ambition d’ici 4 ou 5 ans est de nous imposer comme leader de la chirurgie du pied et de la cheville dans la région, mais aussi de rester une référence nationale et internationale en matière de recherche, d’innovation et de formation. Maintenir notre indépendance est aussi important, car c’est elle qui nous permet de placer nos valeurs au-dessus de toutes considérations économiques. Il y a là un enjeu de réputation et donc de durabilité.

 

Quels sont, à votre sens, les grands enjeux de la médecine de demain ? Et plus particulièrement dans la chirurgie de la cheville et du pied ?

VDF : Les deux grands axes en développement que je vois dans notre discipline touchent la prise en charge et la technologie. Comme je l’ai dit précédemment, la prise en charge du patient est essentielle si l’on veut optimiser les processus de guérison. C’est une approche sur laquelle le Centre ASSAL travaille énormément. Il a mis en place, par exemple, un système d’analyse des données pour adapter ses chirurgies et travailler de façon prospective sur ses publications scientifiques. Il assure et documente également le suivi de tous les patients pour optimiser son accompagnement. Et sur le front de la technologie, de nombreuses évolutions sont en cours. Avec l’impression 3D notamment, pour tout ce qui touche au développement de prothèses et d’instruments. On peut également citer parmi les dernières innovations la navigation intra-opératoire guidée par ordinateur ou la mise en place de nouvelles techniques de chirurgie mini-invasive ou arthroscopique. Je la pratique déjà et le Centre la développe également. Ces progrès nous permettront à terme de mieux adapter nos interventions à la pathologie des patients.

MA : Je compléterai ces deux points en mentionnant également l’importance de la transparence dans notre métier. Une transparence que nous devons encore accroître à tous les niveaux. Transparence vis-à-vis des patients, bien sûr, mais aussi vis-à-vis des employés, des assurances et des pouvoirs publics. Si la notion d’éthique médicale est censée aller de soi dans nos pratiques aujourd’hui, elle doit maintenant transparaître dans la manière de conduire une entreprise de santé. C’est un vrai défi pour nous et pour tous les acteurs du secteur.

 

La responsabilité et la durabilité sont donc des enjeux majeurs pour le secteur de la santé ?

MA : Assurément. La durabilité est un enjeu pour toutes les entreprises, pour celles du domaine de la santé comme pour les autres. Dans ce cadre, nous souhaitons participer à la redéfinition de leur rôle dans la société, même à notre échelle. Le Centre ASSAL qui compte 25 collaborateurs, a entrepris dans ce sens des démarches pour développer sa politique de responsabilité sociale (RSE), à tous les niveaux, et envers toutes ses parties prenantes. Nous suivons également le processus de certification B-Corp qui s’achèvera dans le courant du premier trimestre 2021. Nous serons alors le premier établissement médical en Suisse à obtenir ce label. Cette démarche est une première étape. En plus d’assurer une réponse adéquate aux normes en vigueur, elle témoigne de notre ambition : celle de se fixer des objectifs très élevés, et pour certains contraignants, en matière de performance sociale et environnementale. La médecine aussi doit opérer sa mue pour devenir plus durable.

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